L'organisation MOVE fut créée à Philadelphie, au début des années 1970. Reconnaissables à leurs "dreadlocks", à leur nom patronymique "Africa", à leur choix de vivre en communauté et à leur dévouement total à la cause qu'ils défendent, les membres de MOVE vivent selon les principes du fondateur du groupe JOHN AFRICA.
Pendant les années 1970, Frank Rizzo contrôlait toute la vie politique locale à Philadelphie. Il avait commencé sa carrière comme simple policier, mais il franchit tous les échelons et devint finalement commissaire de police de la ville de Philadelphie de 1967 à 1971.
Le mardi 8 août, dès l’aube, des centaines de policiers en gilets pare-balles et casques anti-émeute encerclèrent la maison de la 33ème rue et ordonnèrent à MOVE de se rendre.
Mumia Abu-Jamal est l’un des journalistes qui fit les reportages les plus honnêtes sur MOVE. Il s’efforçait de comprendre les motivations du groupe. C’est également un journaliste hautement apprécié à Philadelphie où il fut élu président du chapitre local de l’Association des Journalistes Noirs.
Entre 6 et 7.30 heures, la police aspergea le quartier de gaz lacrymogènes et tira 10.000 coups de feu sur la maison sachant qu’il y avait des femmes et des enfants à l’intérieur.
Quand des membres de MOVE furent en mesure de bénéficier d’une liberté conditionnelle, le Bureau d’Application des Peines de Pennsylvanie publia une clause spéciale stipulant que ces derniers devaient s'engager à n’avoir plus aucun contact avec leur organisation.
A la fin de l'année 1983, force était de constater qu'aucun responsable politique ou fonctionnaire de la ville de Philadelphie n'avait montré la moindre intention de prendre des mesures en faveur des neuf membres de MOVE emprisonnés sans preuve.
Quant aux médias c'était le black-out. Le 25 décembre 1983 MOVE décida de rompre le silence et de s'adresser directement aux gens, à l'aide d'un haut-parleur fixé sur leur maison, et d'expliquer aux riverains à quel point les agissements de la ville étaient malhonnêtes et discriminatoires.
Lorsque certains habitants d'Osage Avenue vinrent se plaindre du bruit, MOVE leur demanda de faire pression sur la ville pour les aider à faire sortir des innocents de prison. Accepter une telle injustice, disait MOVE, signifiait que n'importe qui, y compris les voisins eux-mêmes, pouvaient être victimes, d'un faux procès, accusés à tort et mis sous les verrous. Les riverains choisirent de placer leur confiance dans les institutions gouvernementales et cherchèrent un moyen de faire partir MOVE.
Quelques semaines plus tard, Wilson Goode devint maire. Tandis que beaucoup d'habitants de Philadelphie se réjouissaient de l'élection du premier maire noir, Goode oublia aussitôt les promesses faites à MOVE : il n'intervint en aucune manière alors qu'une épreuve de force se préparait. Sachant que la ville était prête à tout pour les faire taire, MOVE commença à fortifier la maison de Osage Avenue. Pendant ce temps la police faisait les préparatifs nécessaires pour attaquer la maison de MOVE avec le soutien du FBI qui lui procura secrètement 20 kilos d'un explosif militaire le "C-4". Ceci était contraire à tous les règlements de police, du FBI, et de la législation fédérale sur le transfert d'explosifs.
A mesure que les mois passaient, la presse locale recommença à s'intéresser à MOVE, mais elle relatait essentiellement les griefs des riverains, non pas les recours légaux déposés par MOVE contre la ville pour obtenir justice. Après que MOVE ait organisé une réunion avec les habitants d'Osage Avenue pour expliquer la situation, la police intensifia sa politique de harcèlement et d'intimidation. Entre juin et octobre, Alfonso Africa fut arrêté et sévèrement battu par la police à plusieurs reprises; il fut blessé par balle lors d'une interpellation. Le 8 août 1984, des centaines de policiers et de pompiers encerclèrent le quartier de Osage pendant une journée entière -en fait ce n'était qu'une répétition de ce qui devait se terminer tragiquement ultérieurement.
Cependant MOVE ne répondit pas aux provocations. Excédés par l'incapacité des responsables locaux à les aider dans ce conflit, les riverains d'Osage demandèrent au gouverneur Dick Thornburgh d'intervenir mais il refusa de prendre position. Quand par la suite il devint haut fonctionnaire au ministère de la justice, Thornburgh refusa d'ouvrir une enquête sur la catastrophe du 13 mai 1985 qu'il n'avait rien fait pour éviter.