L'organisation MOVE fut créée à Philadelphie, au début des années 1970. Reconnaissables à leurs "dreadlocks", à leur nom patronymique "Africa", à leur choix de vivre en communauté et à leur dévouement total à la cause qu'ils défendent, les membres de MOVE vivent selon les principes du fondateur du groupe JOHN AFRICA.
Pendant les années 1970, Frank Rizzo contrôlait toute la vie politique locale à Philadelphie. Il avait commencé sa carrière comme simple policier, mais il franchit tous les échelons et devint finalement commissaire de police de la ville de Philadelphie de 1967 à 1971.
Le mardi 8 août, dès l’aube, des centaines de policiers en gilets pare-balles et casques anti-émeute encerclèrent la maison de la 33ème rue et ordonnèrent à MOVE de se rendre.
Mumia Abu-Jamal est l’un des journalistes qui fit les reportages les plus honnêtes sur MOVE. Il s’efforçait de comprendre les motivations du groupe. C’est également un journaliste hautement apprécié à Philadelphie où il fut élu président du chapitre local de l’Association des Journalistes Noirs.
Entre 6 et 7.30 heures, la police aspergea le quartier de gaz lacrymogènes et tira 10.000 coups de feu sur la maison sachant qu’il y avait des femmes et des enfants à l’intérieur.
Quand des membres de MOVE furent en mesure de bénéficier d’une liberté conditionnelle, le Bureau d’Application des Peines de Pennsylvanie publia une clause spéciale stipulant que ces derniers devaient s'engager à n’avoir plus aucun contact avec leur organisation.
Afin de faire sortir les membres de MOVE faisant l'objet de mandats d'amener, Rizzo obtint du tribunal l'autorisation d'établir un siège. Privés de tout ravitaillement la faim devait normalement contraindre MOVE à quitter sa maison.
Le 16 mars 1978 des policiers envahirent par centaines le quartier de Powelton et bloquèrent l'accès aux quatre rues menant à la maison de MOVE. Tandis que des tireurs d'élite occupaient des positions stratégiques et que des mitrailleuses étaient installées, le service des eaux coupa le compteur de la maison de Powelton où vivaient des femmes enceintes, des bébés non sevrés, des enfants et des animaux. Rizzo se vantait d'avoir installé un blocus si efficace que "qu'une mouche ne passerait pas à travers". Dans un élan de solidarité des membres de diverses communautés, scandalisés par la cruauté de Rizzo, tentèrent de franchir les barricades pour apporter de l'eau et de la nourriture: ils furent à leur tour interpellés et maltraités par la police.
A l'aide de haut-parleurs et de micros, MOVE expliquait aux gens combien il était stupide que la ville dépensent des milliers de dollars d'argent public pour payer des heures supplémentaires aux policiers qui surveillaient MOVE vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Les tireurs d'élite postés sur les toits, consignés dans des appartements ou des voitures de police étaient soumis, des heures entières, au discours révolutionnaire de MOVE. Leurs supérieurs leur intimèrent donc l'ordre de ne plus écouter les discours de MOVE car certains policiers commençaient à douter du bien-fondé du blocus imposé à MOVE.
Le comportement des policiers vis-à-vis de MOVE créa des conflits au sein même de la police. Certains d'entre eux avaient pris l'habitude de jeter des bouteilles, des pierres, voire des pétards dans la cour de MOVE pour provoquer une bagarre. Ceci se termina un jour par une dispute entre deux policiers et un troisième qui jetait des pierres aux bébés jouant dans la cour.
La tentative de Rizzo d'affamer MOVE dura presque deux mois, et constitua le temps fort d'une surveillance policière instaurée presqu'un an auparavant - elle avait en effet commencé le 20 mai 1977.
La circulation était interdite, les voisins devaient montrer une pièce d'identité pour entrer et sortir de chez eux, et la presse soulignait que le coût des heures supplémentaires payées par les contribuables à la police avait dépassé le million de dollars. Le 4 avril 1978 des milliers de manifestants organisèrent une marche autour de l'hôtel de Ville pour protester contre ces méthodes barbares. Pendant ce temps, la nouvelle du siège de Powelton par la police de Frank Rizzo se répandait dans tout le pays, y-compris à l'étranger, et la situation à Philadelphie devenait embarrassante, compte-tenu des positions humanitaires affichées par le Président Jimmy Carter et l'ambassadeur des Etats-Unis Andrew Young .